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Le 1er Hebdomadaire d’informations en Centrafrique

23 Aug

Affaire SUCAF : Il ne s’agit pas d’un financement à la CPC mais d’un racket

Affaire SUCAF : Il ne s’agit pas d’un  financement à la CPC mais d’un racket

La Sucrerie Africaine de Centrafrique (SUCAF RCA) aurait "négocié un arrangement sécuritaire" avec l'Unité pour la paix en Centrafrique (UPC). Selon un rapport de l’ONG américaine The Sentry, les termes de cet arrangement avec le groupe armé accusé d’exactions, sont entre autre la sécurisation  de l’usine et les champs de canne à sucre » et « tenter de protéger le monopole de la société ». Une information qui s’avère partiellement fausse.

 

La SUCAF RCA est une filiale de la Société d’organisation, de management et de développement des industries alimentaires et agricoles (SOMDIAA). La société sucrière qui est contrôlée à 87 % par le groupe Castel, aurait « négocié un arrangement sécuritaire » avec l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC). L’ONG The Sentry évoque un "accord tacite" et un "système sophistiqué et informel pour financer les milices armées par des paiements directs et indirects en espèces, ainsi que par un soutien en nature sous forme d’entretien des véhicules et de fourniture de carburant". Une information démentie d’abord par le président de la Somdiaa  à AFP : « Il n'existe à notre connaissance aucun arrangement passé par la direction de SUCAF RCA et aucun soutien d'aucune sorte n'a été fourni », a-t-il réagi. Une allégation démentie également par le N°2 de l’UPC.

« Il n'y a eu aucun accord, aucun financement mis à notre disposition chaque mois », indique auprès de l'AFP Hassan Bouba, actuel ministre de l'Elevage.

Réaction confirmée d’ailleurs par la direction de la SUCAF à Bangui.

« Il n’y a jamais eu d’arrangement entre nous et quels groupes armés qu’il soit. Bien au contraire nous sommes contraints de payer des taxes fortuites aux éléments de l’UPC qui nous menaçaient avec leurs armes et nous rackettaient. »  souligne officieusement la direction de la SUCAF.

Cette situation a déjà été évoquée par l’ambassadeur de la France, Jean Marc Grosgurin lors d’une rencontre avec la presse à sa résidence le mardi 22 juin 2021. Le diplomate français s’est plaint de la condition dans laquelle la SUCAF œuvre à Ngakobo. Il  a souligné qu’on devait payer, sous menace de mort, une taxe allant jusqu’à une centaine de mille sur chaque camions de l’entreprise. Il a même affirmé discuter sur cette situation avec les autorités centrafricaines.

L’information est en effet relayée dans le rapport de The Sentry en ces termes : « Le groupe armé a également mis en place des barrages routiers. La Sucaf RCA et ses sous-traitants devaient payer des taxes pour chaque camion qui reliait Ngakobo et la capitale Bangui, … ce système a représenté une importante source de revenu pour l'UPC. »

Il faut aussi relever d’ailleurs qu’après mars 2021, lorsque les membres de l'UPC ont été chassés de la zone par une contre-offensive des forces armées centrafricaines et leurs alliés, les forces régulières continueraient de soutirer ces taxes illicites auprès de la société sucrière. Ce serait un système sophistiqué et informel pour financer le gouvernement, nous supposons!

En sommes ce n’est que du pur racket. Au moment où quasiment toutes les entreprises et sociétés internationales ont fermé leur porte et quitter le pays pendant les crises, LA SUCAF est restée dans une zone rouge telle que la préfecture de la OUAKA pour continuer de fournir de l’emploi et surtout fournir du sucre à tout le pays. Tout cela en bravant les menaces de mort, les rackets et aujourd’hui cette accusation.

D’ailleurs la SUCAF n’est pas la seule société à se faire racketter par les groupes armés. La CPC a fait la même chose avec les sociétés forestières et minières au sud-ouest du pays. L’UPC a fait la même chose avec les sociétés minières à Ndachima, le FPRC à celles de Bria et autres. les éleveurs et les  pauvres populations qui souhaitent circuler ou mener des activités commerciales à l’intérieur du pays payent tous aussi des taxes illicites, et ce jusqu’aujourd’hui.

C’est la conséquence d’une interminable crise qui vu des pans entiers de territoires passés sous le contrôle de groupes rebelles qui en accaparent les ressources, qui font leurs lois en substituant aux institutions de l’Etat (Douane, impôts, et autres) . La solution n’est pas de chercher à immolé un bouc émissaire extérieur. Mais la solution est interne et politique. Une résolution définitive de la crise centrafricaine et l’instauration d’une paix durable est gage du développement du pays.

 

 

Geostanis

 

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